Pour cette nouvelle escapade, je vous emmène dans le sud, visiter le très beau village de Coaraze. Ce village est situé dans les Alpes-Maritimes, à 30 minutes de Nice, dans les hauteurs.
Coaraze est trois fois labellisé. D’abord, il est classé parmi les plus beaux villages de France … et ce n’est pas rien. Ensuite, il est classé Oc per l’occitan pour son apport à la culture occitane et enfin, il est labellisé Villages en Poésie pour la permanence de son lien avec les poètes et la poésie.
Mais surtout ce village a une petite spécificité, qui mérite le détour : il possède des cadrans solaires dispatchés un peu partout dans ses ruelles et sur ses places.
Etonnant non ? Je vais vous en expliquer la raison.
Un joli village perché et ensoleillé
Coaraze est situé à 667 m d’altitude sur un piton gréseux qui domine la vallée du Paillon. Le Paillon est le long cours d’eau qui traverse les Préalpes et qui alimentait à l’époque en eau les roues des moulins à farine, à tan et à papier.
Et qui dit village perché, dit petite route. Et Coaraze ne fait pas exception. Il faut remonter une longue vallée sur une route un peu sinueuse pour y accéder. A l’époque, ce petit village était assez isolé. Les habitants devaient prendre une petite voie antique pour se rendre dans la vallée de la Vésubie, à Nice ou en Italie. Ils mettaient des jours pour arriver à destination! En 1876, une route carrossable a été construite ce qui a permis aux habitants de ne mettre que 4 heures pour rejoindre Nice en diligence.
Ce qui m’a frappé en roulant pour accéder au village, c’est le nombre de mimosas présents dans la vallée. J’ai visité le village en février, LE mois de floraison du mimosa, et l’arrivée sur le village était fantastique. La vallée avait une belle couleur jaune et tous les mimosas étaient en fleurs. Une pure merveille !
La légende de Coaraze
Les petits villages se sont souvent bâtis sur les légendes. Et celle de Coaraze met en scène le diable en personne. Il est dit que les habitants de Coaraze ont réussi à capturer le diable et à l’attacher par la queue avec de la glu. Pour se libérer, le diable a donc dû se couper la queue (causa rasa)! C’est de là que vient le nom de Coaraze – queue rasée. Et c’est pour ça que le blason de la commune s’inspire également de cette légende.
A Coaraze, on sait toujours quelle heure il est !
L’un de points d’intérêts de Coaraze est le nombre de cadrans solaires épinglés sur les murs du village.
Et en voici la raison : En 1953, le maire de l’époque féru de poésie décide d’organiser les Rencontres Poétiques de Provence, rencontres qui étaient présidées par Jean Cocteau. Il lance alors le projet de réaliser 12 cadrans solaires sous forme d’œuvres d’art qui seraient accrochées dans le village.
Les premiers cadrans solaires apparaissent en 1961 réalisés par Jean Cocteau lui-même – intitulé les Lézards – et par d’autres artistes. Gilbert Valentin – Les Tournesols ; Mona Cristie – La chevauchée du temps ; Georges Douking – Les animaux fabuleux ; Henri Bernard Goetz – Le piton et sa couronne en vert et or ; Angel Ponce de Léon – Blue Time. Cette première série sera suivie par d’autres quelques années plus tard. Ceux de Ben – Lou temps passa, passa lou ben; de Sacha Sosno – Venus; de Patrick Moya – la vie d’un artiste méditerranéen ; d’Henri Maccheroni ; et de Fabienne Barre – le village de Coaraze.
Jusqu’alors, 11 ont été réalisés par des artistes et sont exposés dans les ruelles.
Mais c’est quoi cette histoire !
Coaraze a longtemps été un village extrêmement pauvre.
Les premiers habitants du village semblent remonter aux ligures. C’était des bergers qui pratiquaient une agriculture assez sommaire et complétaient leur alimentation en pratiquant la chasse. En l’an 14 avant J.-C., les Romains « pacifièrent » les Alpes et imposèrent leur autorité aux Ligures. Coaraze fut ensuite englobé dans la nouvelle province des Alpes-Maritimes dont la capitale était Cimiez.
L’Empire romain s’écroule en 470 après J.-C. Les cinq siècles suivants, marqués par les invasions germaniques, hongroises et sarrasines constituent une période très trouble où l’insécurité est totale. Le vieux mode d’habitat est abandonné ; les populations délaissent les innombrables hameaux pour se regrouper sur des points plus facilement défendables et donc perchés. Coaraze voit donc sa population augmenter avec l’arrivée de nouveaux habitants qui se terrent dans le village. Le village vit alors dans la peur en quasi autarcie.
Au 11e siècle, les Sarrasins sont chassés des côtes et commence alors une période d’expansion qui va durer plus de trois cents ans. Le village étend ses terres cultivables a perte de vue dans la vallée : céréales, châtaigniers, vigne, légumineuses.
En 1325, le village passe sous la domination du Comté de Provence. Et en 1388, Coaraze, avec tout le Pays de Nice, se détache de la Provence et passe pour cinq siècles sous la domination de la maison de Savoie. Tout ce territoire prend le nom de Comté de Nice. Il deviendra français en 1860, après avoir subi bon nombre de guerres. Le village est alors très affaibli, les habitants sont très pauvres et la maladie fait rage en tuant les plus jeunes. La disette est bien présente.
Alors que Nice s’enrichi, son arrière-pays vit encore comme au Moyen-Âge. Pas de route, pas d’électricité, pas d’eau courante. Les habitants, attirés par les perspectives d’une vie meilleure, désertent le village. De 700 habitants en 1860, il n’en reste que 450 en 1930. Ce n’est qu’a partir des année 1960 que la population croit à nouveau pour atteindre aujourd’hui un peu plus de 800 habitants.
Que voir à Coaraze
Ses petites ruelles et ses passages voûtés
Comme d’autres petits villages du pays niçois, le village est constitué de plein de petites ruelles très étroites. Elle sont souvent surmontées de passages voutés, de ponts, de fontaines ou de placettes. C’est très agréable de se promener dans le village. A découvrir sous un beau soleil !
Les maisons sont souvent directement taillées dans la roche. Pour pouvoir les agrandir sans déborder du village, les propriétaires ont construit des espaces habitables au dessus des ruelles. Ces petits passages couverts, très nombreux dans le village, s’appellent des “pontis”.
L’église Saint-Jean-Baptiste
Cette église, qui date du 14e siècle est située tout en haut du village. Elle a été plusieurs fois restaurée car trois gros tremblements de terre ont fait de gros dégâts dans le village.
Il ne faut pas se fier à son aspect plutôt austère. Elle parait assez sobre vue de dehors mais elle est plutôt jolie à l’intérieur. Sa décoration date du 18e siècle. Elle comprend 118 angelots polychromes réalisés dans un style baroque. Ces stucs, peintures, trompe-l’œil et faux-marbres, réalisés aux 18e et 19e siècles (et récemment restaurés) sont un style de décors que l’on retrouve de façon récurrente dans les églises du comté de Nice et du Piémont.
La chapelle Saint-Sebastien
La chapelle a été construite en 1530 sur l’ancien chemin des muletiers qui reliait le bourg à Nice. Elle se situe à un peu plus d’1km du village. Cette chapelle appartient à la série de petits édifices construits à la fin du moyen-age à l’entrée des bourgs pour protéger les habitants de la peste. D’ailleurs, elle comprend des fresques du 16e siècle racontant la vie de Saint Sébastien, souvent invoqué pour lutter contre cette maladie. Elle est classée Monument Historique.
La chapelle bleue
Cette chapelle a été reconstruite en 1835 sur l’emplacement d’une chapelle détruite à la révolution. Elle est aussi appelée Notre Dame des sept douleurs ou encore Chapelle du Gressier car les habitants faisaient sécher des figues sur les claies autour de la chapelle.
Elle est dotée, fait assez rare dans la région, d’un porche ouvert sur trois côtés par des arcs plein cintres et voûté d’arêtes. L’intérieur est également voûté en berceau.
Elle a pris le nom de chapelle Bleue à la suite de la réalisation d’un décor en camaïeu bleu représentant des scènes de la vie du Christ, peintes en 1962 par le peintre Angelo Ponce de Léon. Ces peintures sont d’une grande expressivité et possèdent une force peu commune.
De beaux chemins de randonnées
Le plus pittoresque est celui qui mène jusqu’à Rocca Spaviera, le village maudit. C’est un village qui compte une cinquantaine de maisons en ruine et qui a été abandonné au 18esiècle. Il faut bien 1 heure de marche pour atteindre le village. La dernière partie est une peu difficile et il faut donc de bonnes chaussures de marche. Une autre légende plutôt sombre est attachée à ce village qui expliquerait pourquoi il a été abandonné.
Comment aller à Coaraze?
Les coulisses de ma visite
C’est sur un coup de tête que je suis allée visiter Coaraze. C’était un mardi de février, il faisait beau et j’avais envie de visiter un joli village perché de l’arrière pays niçois. Coaraze était tout indiqué. J’ai donc pris mon appareil photo et je suis partie à l’aventure. Le village était presque désert et très ensoleillé. Coïncidence, ce même jour à Coaraze, une autre blogueuse était aussi en visite pour son blog, il s’agit de Katou, du blog Touristissimo. Nous avons papoté, déjeuner dans le seul restaurant ouvert le mardi “Chez Yanis” et échangé nos bons plans de blogueuses. Bilan: une superbe visite, une rencontre opportune, de bons souvenirs.
Si vous souhaitez découvrir d’autres petits villages perchés de la Côte d’Azur, je vous recommande de lire mes articles sur Tourrettes-Sur-Loup, Biot, Peillon, Saint-Paul-de-Vence, Eze-Village ou encore les Hauts-de-Cagnes.
Plus d’informations
Pour plus d’informations, voici quelques liens:
- Le site des plus beaux villages de France pour lire la fiche sur Coaraze,
- Pour en savoir plus sur le label Oc per l’Occitan
- Et sur le label Villages en Poésie
- Merci à la Maison du Patrimoine de Coaraze pour m’avoir transmis les informations sur l’histoire du village.
Les beaux villages n’attendent que vous !