Monastère de la Grande Chartreuse – Mille ans d’histoire au cœur des Alpes

Cette semaine, je vous emmène en Isère découvrir un endroit mystérieux, emmuré dans son silence. Un lieu à l’abri des regards et totalement impénétrable. Le Monastère de la Grande Chartreuse est entouré de légendes et de croyances. Sa vie monastique reste énigmatique pour certains et respectée pour d’autres. Ici, en Isère, on lui trouve une aura extraordinaire, comme si le « désert des Chartreux » était en lui-même placé sous les meilleurs auspices. Direction donc Saint-Pierre de Chartreuse, un petit village où il fait bon vivre, niché dans le massif de la Chartreuse.

C’est LE symbole de spiritualité et de solitude depuis plus de mille ans. Perdu au cœur du massif de la Chartreuse, à l’abri des regards, le monastère a fait vœux de silence. Fondé en 1084 par Saint Bruno et ses six compagnons, il est le berceau de l’ordre des Chartreux, connu pour son mode de vie érémitique et contemplatif.

On ne le voit pas, on ne l’entend pas. Le monastère est emmuré dans son silence. Il faut marcher plusieurs centaines de mètres pour commencer à longer les murs épais qui protègent les moines des curieux.

J’ai eu la chance de découvrir ce site extraordinaire enveloppé dans son épais manteau brumeux. Un moment suspendu dans le temps, où êtres humains et animaux, respectaient le lourd silence pesant sur les lieux. Je pensais être seule dans cette immensité blanchâtre, mais quelques personnes – certainement en quête de beauté ou de solitude – arpentaient aussi les montagnes. Parfois, je distinguais une silhouette, une personne au loin, ou entendais un murmure. Et puis plus rien.

L’histoire du monastère débute avec la vision de Saint Hugues, évêque de Grenoble, qui voit sept étoiles descendre du ciel et se poser sur un mont sauvage. Il y voit un signe divin et invite Bruno, un chanoine allemand de Cologne en quête de solitude, à s’établir dans ce lieu reculé. C’est ainsi que naît le premier monastère de l’ordre des Chartreux, dans un environnement propice au silence et à la prière.

Au fil des siècles, la réputation de sainteté et de sagesse des Chartreux attire de nombreux disciples. L’ordre se développe rapidement et de nombreux monastères chartreux sont fondés à travers le monde (il y en a 20 en tout). La Grande Chartreuse devient le centre de l’ordre et abrite le prieur général, qui supervise les autres monastères.

Le monastère de la Grande Chartreuse est un lieu unique où près de 25 moines vivent une vie rythmée par la prière, le travail manuel et le silence. Ils habitent dans des « maisonnettes » individuelles comprenant un atelier et un jardin dont ils sortent très peu. Ils ne se réunissent que pour les offices religieux et les repas. Ils peuvent effectuer une promenade hebdomadaire durant laquelle ils peuvent parler librement deux par deux, et participent à un temps de récréation dominical durant lequel ils peuvent être tous ensemble. Ce mode de vie austère et rigoureux est fondé sur la recherche de Dieu et la contemplation.

Informations pratiques :
Le monastère de la Grande Chartreuse ne se visite pas. Le musée de la Grande Chartreuse, situé en contrebas du monastère, vous permet de découvrir l’histoire de l’Ordre des chartreux et la vie des moines.
Le musée est ouvert du 23 mars au 5 novembre.

L’histoire de la Chartreuse débute en 1605. Le Maréchal d’Estrées, homme d’influence et fin connaisseur, offre aux moines chartreux un manuscrit précieux. Ce document contient la recette d’un élixir de longue vie, transmis de génération en génération et jalousement gardé.

Intrigués par ce savoir ancestral, les moines, experts en herboristerie, se lancent dans la production de « l’élixir végétal de la Grande Chartreuse ». Ils perfectionnent la recette, enrichissant la potion de leur connaissance des plantes et de leur spiritualité. La liqueur, d’abord réservée à l’usage des moines, devient rapidement un remède précieux pour les populations locales. Sa renommée grandit et, dès le 18ème siècle, la Chartreuse s’exporte à travers l’Europe, conquérant les palais les plus exigeants.

La liqueur de Chartreuse se décline en différentes couleurs et saveurs, chacune offrant une saveur unique. La verte (surnommée « liqueur de santé »), avec ses notes d’herbes et d’épices, et la jaune (surnommée « reine des liqueurs »), plus douce et fruitée, symbolisent l’alliance parfaite entre tradition, savoir-faire et spiritualité.

Alors, quelle est la différence entre ces deux liqueurs ? La Chartreuse Jaune et la Chartreuse Verte comportent le même nombre de plantes – 130 plantes, fleurs, écorces, racines et épice – mais dans des proportions différentes. La Jaune fait 43 degrés alors que la verte est plus forte à 55 degrés.

Sa fabrication reste aujourd’hui encore un secret bien gardé.
La distillerie d’Aiguenoire, berceau des liqueurs de Chartreuse, abrite un savoir-faire ancestral jalousement gardé. Seulement deux moines liquoristes, officiant au sein du monastère de la Grande-Chartreuse, détiennent la clé d’un trésor gustatif : la recette de la Chartreuse. Et pour s’assurer de conserver cette recette secrète, chacun des deux moines détient seulement une partie de la recette, mais personne ne la connait en la totalité.

Pour en savoir plus sur la production des liqueurs, je vous recommande d’aller sur Voiron, visiter les Caves de la Chartreuse.

C’est là que les moines chartreux ont produit la liqueur pour la première fois en 1764. En visitant le site, vous pénétrez dans les anciennes caves de la Chartreuse qui abritent encore des centaines de foudres, ces cuves en bois couchées, qui servaient autrefois à faire vieillir les liqueurs. Bien que la production ait déménagé sur Aiguenoire, les caves restent un endroit à découvrir pour son histoire, ses archives, son bar à dégustation. C’est aussi ici que vous pouvez acheter vos bouteilles de liqueur de Chartreuse. La boutique est ouverte toute l’année.

A noter : Il est interdit de prendre des photos à l’intérieur des caves et durant la visite.

Le village est le plus connu de la Chartreuse. Situé à 900m d’altitude, il comprend près de 1000 habitants répartis sur 53 hameaux entre le col de Porte et le col de Cucheron. Une première église y est construite au 11e siècle et le développement du bourg est étroitement lié à celui de l’ordre des chartreux.

De cette époque, il reste bien évidemment le monastère, mais aussi la Correrie (actuel musée de la Grande Chartreuse) et d’innombrables ponts en pierre qui servaient à rejoindre les villes. La porte du Grand Logis – ou porte de l’enclos, située à côté de l’un de ces ponts, marquait à l’époque l’entrée du « Désert des Chartreux », le domaine des religieux.

Et disséminés dans les prairies isolées, vous retrouvez aussi pleins de granges isolées – des haberts – qui étaient utilisées pour garder les troupeaux de vaches en été.

Au début du 20e siècle, Saint-Pierre de Chartreuse devient une station hivernale avec l’ouverture de pistes de ski des Essarts. Des grands hôtels sont construits pour accueillir les nombreux touristes, dont certains sont aujourd’hui à l’abandon.

Situé dans l’église Saint-Hugues-de-Chartreuse, le musée Arcabas est un lieu unique dédié à l’œuvre du peintre et sculpteur Jean-Marie Pirot, dit Arcabas. Ce musée présente une collection exceptionnelle de 111 peintures, vitraux, sculptures et mobilier liturgique réalisés par l’artiste entre 1969 et 2002.

L’église a été choisie par Arcabas lui-même qui cherchait un lieu pour exprimer son art. Le prêtre de l’époque, Raymont Truffot, est enthousiasmé par l’idée et donne son accord pour que l’artiste y installe ses œuvres. Il mettra près de 40 ans et plusieurs périodes créatives pour que l’église soit enfin « terminée ».

Christine réalise de succulentes glaces. Et je peux vous parler en connaissance de cause car je les ai gouté. Des glaces et des sorbets aux saveurs originales : Chartreusito – à la liqueur de Chartreuse ; au bleu de Chartreuse – surprenant et délicieux ; à la noix du Dauphiné ; et celle que j’ai adoré, au sapin des montagnes. Elle livre les restaurateurs du secteur et possède une boutique sur la place de Saint-Pierre de Chartreuse. Courrez-y !
L’Eclat des Cimes à Saint-Pierre de Chartreuse

Nathalie réalise elle-même ses patrons et ses vêtements. Tout est cousu à la main dans sa boutique-atelier. Ses réalisations se veulent élégantes et confortables. Elle sait jouer avec les matières, les assemblages e les couleurs pour que chacune se sente à l’aise dans ses vêtements. Les tout-petits sont également habillés avec de jolis nid-d’anges, des robes ou des petites polaires.
Badiane Créations à Saint-Pierre de Chartreuse

La ferme de Plantimay est une ferme qui se visite (avec vaches et chèvres de tout âge, c’est vraiment mignon) mais aussi une grande boutique dans laquelle vous trouvez une très grande variété de fromages. Quelques-uns m’ont tapé dans l’œil : le Béret de Marius, la Chartreuse (avec une fine pate couche de pate de fruit à la Chartreuse à l’intérieur), la Tour du Bonheur (un ménage de chèvre et vache).
La ferme de Plantimay à Saint-Joseph de Rivière

Ganaches, chocolats, pates de fruit, guimauves, spécialités à la Chartreuse, tout est délicieux. J’ai eu la chance de pouvoir pénétrer dans son atelier et d’assister à la réalisation de ses délicieux chocolats. Toutes les saveurs sont savamment étudiées et travaillées avec la plus grande attention afin que chaque nouvelle saveur soit la plus réussie possible. Et ça l’est. Elle livre les plus grands restaurateurs et vous pouvez même les acheter sur place ou les commander sur sa e-boutique.
Les Chocolats Sandrine Chappaz à Saint-Laurent du Pont

Ghislain est liquoriste et réalise une liqueur avec une plante endémique de la région : la Vulnéraire. Cette jolie fleur jaune ne pousse qu’en Chartreuse, dans les Pyrénées et dans les Andes. Autant dire que vous ne pouvez pas venir en Chartreuse sans la gouter. Sa distillerie se trouve dans la cave de sa maison mais vous trouverez ses liqueurs notamment dans les offices de tourisme.
Les Saveurs du Charmant Son

Saint-Pierre de Chartreuse est la plus grande station de ski du massif de Chartreuse. Enfin, tout est relatif … Elle reste cependant à taille humaine et s’adresse plutôt aux familles ou aux débutants.

De nombreux itinéraires balisés traversent les massifs. C’est le terrain de jeu de nombreux habitants de la région ou des grenoblois qui n’hésitent pas à chausser leurs skis ou leurs raquettes dès que la neige est tombée.
Le domaine nordique de Chamechaude offre 35 km de pistes dans une paysage de prairies et d’épicéas.

Le Col de Porte ou le Col de Marcieu sont les principaux endroits pour débuter le ski ou chausser ses raquettes ou ses skis de fond.

Oréade est un espace balnéo en plein air qui propose 7 bains nordiques avec vue sur la montagne, un espace bien-être ainsi qu’un restaurant.
Oréade à Saint-Pierre de Chartreuse

Crédit Photo : Les Conteurs -Chartreuse Tourisme

La Chartreuse offre un vaste choix de sentiers balisés pour randonner au printemps ou en été. Vous trouverez tous les chemins de randonnée en Chartreuse ici.

Les ateliers du Cucheron. Laure et Jérome proposent 4 chambres très confortables avec une vue imprenable sur les montagnes. Ils proposent aussi une table d’hôte le soir avec des petits plats maison et locaux absolument délicieux.


Restaurant La Cabine à St-Hugues. Une cuisine traditionnelle réalisée avec des produits frais et locaux. De bons petits plats copieux faits maison, tels que fondues, croziflettes et gratins de ravioles du Dauphiné.

Restaurant De la Cuche à l’Assiette à Saint-Pierre de Chartreuse. Une cuisine maison avec des plats qui changent tous les jours. Absolument délicieux !

Brasserie Chavant à Voiron. Une brasserie gastronomique dans un décors de rêve. Un endroit aussi beau que bon.

En voiture, depuis Grenoble, comptez 50 minutes pour rejoindre le monastère ou Saint-Pierre de Chartreuse.

Vous trouverez de plus amples informations sur les sites internet de Charteuse Tourisme ou sur celui d’Isère Tourisme

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