Jean de Saint Venant, propriétaire et vigneron, est amoureux de son terroir auquel il voue une véritable passion. « J’ai su assez tôt que je voulais vivre au Château de Valmer », dit-il. Après avoir travaillé sur Paris en tant que journaliste sportif, il fait ses bagages et s’installe sur le domaine. « Avant de m’occuper des vignes, je voulais en comprendre toutes les subtilités. J’ai donc suivi une formation en viticulture-œnologie ». Il se considère d’ailleurs comme un artisan-vigneron. « Je suis un vrai passionné et reprendre l’exploitation familiale était une évidence. » Rencontre.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de ce magnifique domaine
Ma famille habite le domaine depuis cinq générations. Mais l’histoire du lieu a débuté il y a cinq siècles, en 1524 plus précisément, lorsqu’un conseiller de François Ier décide de créer de superbes jardins à Valmer. Les usages de l’époque voulaient que la noblesse puisse recevoir leurs amis dans leur jardin en servant le vin produit sur leurs terres. Le domaine s’étendait alors sur 1000 hectares et comprenait un château (aujourd’hui disparu), des jardins, des bois et un vignoble. La chapelle troglodytique que nous avons conservée a également été construite à cette époque. Les communs et le pavillon que nous occupons aujourd’hui datent, quant à eux, de 1640.
Lorsque mes parents ont repris le Château de Valmer dans les années 1970, ils ont décidé de lui redonner ses lettres de noblesse : mon père a largement développé le domaine viticole et ma mère a restauré et embelli les vastes jardins en terrasse de l’époque.
Puisque vous parlez des jardins, ça a dû être un travail colossal de redonner vie à ces 5 hectares de terrasses
Le jardin n’était plus exploité depuis très longtemps. Il nous a fallu 2 ans de travaux pour redessiner et réaménager les 8 terrasses, puis planter et faire pousser les semences.
Ma mère, qui est une paysagiste botaniste reconnue, a eu la volonté de magnifier le domaine en redessinant les jardins à l’identique, tels qu’ils étaient au 17e siècle. Nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir retrouver les plans d’origine et nous nous en sommes inspirés pour redessiner les tracés.
Aujourd’hui, les jardins sont inscrits aux monuments historiques et ont été reconnus « Jardin remarquable ». Nous célébrons cette année les 20 ans de leur résurrection !
De quelle réalisation êtes-vous le plus fier ?
Sans hésitation, notre potager conservatoire. Il s’étale sur 1 hectare et comporte plus de 2000 espèces différentes : fruits et légumes anciens, plantes alimentaires, végétaux rares, anciens, régionaux ou insolite. Nous avons une banque de graines qui est pour nous un véritable patrimoine génétique.
Nous avons aussi un grand parc de 60 hectares qui comprend de nombreuses variétés d’arbres provenant du monde entier. Les jardins et le parc sont le domaine de prédilection de ma mère qui s’en occupe quotidiennement et y organise des rencontres pour les passionnés de plantes.
Le château a toujours eu une forte vocation viticole, une activité que vous exploitez à nouveau ?
Il y a toujours eu de la vigne sur le domaine. Nous savons qu’au 16e siècle, il devait y avoir une 30ène d’hectares de vignes. Mais les aléas des époques ont lourdement affecté cette culture : les guerres, le développement du phylloxera qui a détruit 80% de la production viticole française, la création de l’appellation Vouvray qui nous a contraint à arracher ou replanter des cépages. Le domaine avait donc perdu pas mal de surface de vigne. Quand mon père a repris le domaine, il n’en restait que 4 hectares. Aujourd’hui, nous exploitons 36 hectares en AOC Vouvray.
La vallée de la Loire est une région riche en vignoble. Pratiquez-vous l’œnotourisme ?
Oui, nous avons une philosophie dans notre famille : partager notre passion et notre savoir-faire. Depuis un peu plus de 15 ans, nous organisons des visites de caves et des dégustations sur le domaine. Nous organisons également des « Caves Ouvertes » afin de permettre aux producteurs et artisans locaux de faire connaitre leurs produits. De plus, comme nous habitons sur place, nous accueillons souvent nous-même les visiteurs. Ils sont d’ailleurs souvent surpris de nous rencontrer sur le domaine en train de travailler dans les jardins ou dans les vignes.
Regrettez-vous votre vie parisienne ?
Pas du tout ! Je me suis découvert de nouvelles compétences : vigneron, jardinier, maitre d’œuvre, chef de chantier, comptable, responsable communication, commercial, gestionnaire RH. J’ai appris à être polyvalent. C’est un vrai investissement personnel que de s’occuper d’un domaine. Des familles avant nous ont veillé à l’entretien et à l’embellissement de ce lieu. C’est à notre tour de nous en occuper. Nous ne sommes que des « passeurs », après nous, d’autres personnes s’en occuperont et se chargeront de l’entretenir pour qu’il puisse encore traverser les âges pendant très longtemps.
Et si c’était à refaire ?
Je le referai sans hésiter… mais beaucoup plus tôt.
Si vous avez l’occasion de visiter le Château de Valmer, vous croiserez certainement Jean dans son vignoble ou sa mère dans les jardins. Une passion familiale qu’ils se feront une joie de partager avec vous.
Comment aller au Château de Valmer
Château de Valmer 37210 Chançay www.chateaudevalmer.com
Le Château de Valmer est un domaine de 300 hectares qui comprend des jardins, des vignes, des terres cultivables et des bois. Il pourrait presque être autosuffisant.
Les photos de cet article ont été fournies par Le Château de Valmer
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Perpétuons nos savoir-faire !