Fayl-Billot, un petit village situé en Haute-Marne, est la capitale de la Vannerie. Un savoir-faire que peu d’artisans pratiquent encore de nos jours. Sauf à Fayl-Billot, où une quarantaine de vanniers perpétuent ce métier traditionnel. Mais aussi l’Ecole Nationale d’Osiériculture et de Vannerie qui est installée ici et qui forme les futurs vanniers. Vous venez avec moi ? Je vous emmène découvrir ce métier traditionnel ancestral et la culture de l’osier.
Fayl-Billot est un petit village de 1300 habitants niché au sud de la Haute-Marne, entre Langres et Dijon, dans la région Grand-Est. Ce village aurait pu rester dans l’anonymat, mais il n’en est rien. Il est même la capitale de l’Osiériculture et de la Vannerie. Incroyable non ? Ici, tout tourne autour de la culture de l’osier et de son tressage. On y trouve aujourd’hui des dizaines d’hectares d’oseraies, une quarantaine d’artisans vanniers et une École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie qui forme les plus grands artisans. Et ça fait 300 ans que le village s’est taillé une solide réputation dans cet artisanat.
Mais c’est quoi cette histoire !
L’art de tresser l’osier remonte à la nuit des temps. On tressait des nattes pour dormir dessus, des paniers pour transporter des objets, des sièges pour s’assoir, des clôtures pour se protéger, des urnes funéraires pour garder ses morts. En Égypte, on a retrouvé des pièces de vannerie datant du 1340 av J-C dans le tombeau de Toutankhamon. Et certains objets retrouvés remontent même à 10.000 ans avant J-C.
La vannerie est donc un art développé pour confectionner des objets, des vêtements, des maisons, des outils. C’est à la base un art utilitaire. Même si la technique de la vannerie est universelle, elle varie selon la matière première utilisée : l’osier, le rotin, la paille, le raphia, le bambou, le châtaignier, le noisetier, les feuilles de maïs, et même le crin de cheval ! ….
Cependant, on ne parle de « vannerie » qu’à partir du 13e siècle. Son origine vient de “Van” sorte de grande corbeille plate qui servait à nettoyer les grains en les secouant pour les séparer de la paille et l’ivraie (mauvaise graine).
Au début du 20ème siècle, on compte entre 23 000 et 25 000 vanniers en France. Et l’Aisne et les Ardennes étaient alors les deux premiers départements vanniers Français avec plus de 4 000 vanniers au total.
Un savoir-faire presque disparu
Cet art a presque disparu avec l’utilisation à outrance de la matière plastique (dans les années d’après guerre) et la concurrence des pays asiatiques.
En France, il reste aujourd’hui près de 200 vanniers professionnels. Une centaine est installé dans deux villages : Fayl-Billot en Haute-Marne, et Villaines-les-Rochers, en Touraine. Les autres sont répartis sur toutes la France.
Mais ce métier évolue avec les habitudes de consommation. De plus en plus de vanniers se tournent vers la fabrication d’articles design et haute de gamme. Ils travaillent aussi avec des paysagistes pour des plantations d’osier vivant et de décors en osier autoclavé (« stérilisé » pour éviter la pourriture) dans les parcs et jardins.
La Vannerie de Fayl-Billot
Tout a commencé il y a 350 ans, avec un moine artisan-vannier qui s’installe dans le village. Il transmet son savoir d’abord aux autres moines de sa communauté, puis aux habitants. Même si la Vannerie ne prend son essor qu’au 19e siècle avec le développement des réseaux ferroviaires, elle permet à Fayl-Billot de se spécialiser dans cet art. Les artisans commercialisent alors leurs produits dans le monde entier (Canada, Angleterre, Etats-Unis, etc…).
Les premières oseraies apparaissent en 1636. Dans toute la Haute-Marne, en 1929, il y en a près de 780 ha. A la même époque, le village développe aussi la vannerie en rotin (plante tropicale de la famille des palmiers-lianes).
Fayl-Billot comptait au début du 20e siècle, 3 entreprises de rotin, 3 négociants de vannerie d’osier et un négociant en osier avec plus de 800 vanniers et 200 rotiniers. Aujourd’hui, seul une quarantaine de vanniers subsistent et un rotinier.
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Les formations professionnelles en Vannerie de Fayl-Billot
L’École Nationale d’Osiériculture et de Vannerie est la seule école de Vannerie en France.
Cette école a été créée en 1905 par Eugène Bottot, maire de Fayl-Billot et dépend du Ministère de l’Agriculture. Elle est aujourd’hui rattachée au Lycée Horticole et du Paysage de Fayl Billot et à son Centre de Formation Professionnelle Agricole. Elle propose des formations professionnelles diplômantes, qualifiantes ou individualisées en vannerie d’osier, paillage, cannage, rotin ou encore en architecture végétale en osier. L’enseignement y est assuré par des vanniers professionnels, dont certains sont “Meilleur Ouvrier de France”.
Et si vous souhaitez apprendre l’art de la Vannerie, elle propose des stages d’initiation et de perfectionnement à la Vannerie d’Osier, au Paillage et Cannage.
Ce qu’il faut savoir sur la culture de l’osier
La culture de l’osier demande une préparation de la terre très rigoureuse et un climat spécifique.
- La tige d’osier est issue d’un arbre qui s’appelle le Saule Tétard
- Il existe plusieurs variétés de saules tétard qui donnent à l’osier sa couleur : vert, rouge, marron foncé, jaune doré.
- Les boutures sont plantées en mars à raison de 135.000 par ha,
- Une oseraie atteint son plein rendement au bout de 5 ans et produit pendant une 20ène d’année.
- Le pied se présente sous la forme d’une souche à ras du sol de laquelle sortent et poussent des rameaux (les brins d’osier). Ces pousses peuvent mesurer jusqu’à 3m de hauteur,
- La récolte s’effectue aux premières gelées,
- Les brins d’osier sont ensuite nettoyés et triés en bottes. Ils sont baignés dans un rotoir (bassin d’eau) pendant 3 mois puis décortiqués en mai (on enlève l’écorce), et enfin stockés sur des claies.
Mais…. avec la réalisation d’objets contemporains, on a tendance à moins décortiquer les brins d’osier pour garder leur couleur brute.
Je veux bien aller visiter Fayl-Billot, mais c’est où ?
Informations pratiques
Pour tout savoir sur la Vannerie de Fayl-Billot, voici quelques liens utiles :
L’Office de Tourisme de Fayl-Billot – Lycée du Paysage et de l’Horticulture – L’Ecole Nationale de l’Osiériculture et de la Vannerie – Le Comité de Développement et de Promotion de la Vannerie –
Perpétuons nos savoir-faire !
2 comments
Bonjour CHANTILLE
C’ est un jeune homme de 84 ans et quelques mois qui vient de lire le résultat de votre reportage sur L’E.N.O.V. veuillez excuser l’abréviation . J’ai aimé votre façon de dépeindre ,de décrire a la fois cet art qu’est la vannerie ‘et ce village .
Dans cette école ou jai été interne (oui….CHANTILLE ) j’y ai appris tout ce dont on a besoin ; les maths le français ,la geo, la compta etc…mais surtout l’art de travailler l’osier , le rotin .a la sortie de cette école un diplome recompensait sur la creation d’un objet.( le théme de mon année de sortie etait un fauteuil d’enfant.)
Que de bons souvenirs vous rappelez a ma vieille mémoire……C ‘est ma période d’ ado que vous avez réveillé . Je continuerai de vous lire car c’est un ravissement .
Merci beaucoup René. Votre commentaire me touche énormément. Je suis ravie que cet article vous rappelle votre jeunesse. A bientôt !