L’île Tatihou, une île (presque) fantastique

Cette semaine, direction le Cotentin. Je vous emmène découvrir une île … ou plutôt une presqu’île, ça dépend des marées. Un petit bout de terre chargé d’histoires, qu’elles soient petites ou grandes. Un lieu magnifique situé en face de la célèbre Saint-Vaast-la-Hougue. Un endroit aux multiples facettes. Bienvenue à l’île Tatihou.

L’île Tatihou, est un petit bout de terre de 28 ha situé à quelques kilomètres de Saint-Vaast-la-Hougue, dans la Manche. C’est une île qui se forme en fonction des marées. Elle a connu plusieurs grands moments de notre Histoire. De la célèbre bataille de la Hougue, jusqu’à la création de la réserve ornithologique, en passant par la construction d’un Lazaret, Tatihou a connu plus d’une vie.

Cette île a donc eu plusieurs vocations. D’abord militaire et défensive, elle est devenue l’objet d’études scientifiques. Puis elle a servi d’endroit éducatif spécialisé et enfin aujourd’hui, de lieu culturel. Mais pour bien comprendre cette ile fantastique, il faut d’abord découvrir son histoire.

Mais c’est quoi cette histoire !

L’île Tatihou tient son nom des Vikings. Ils étaient présents sur les côtes de Normandie au 9e siècle. En noroît, hou = terre entourée d’eau et tati était sans doute un nom propre.

Mais le lieu est occupé depuis le paléolithique (120 000 ans avant JC).  A cette époque, la Manche ne baignait pas encore les rives de Tatihou.

A l’époque gallo-romaine, il y a sur Tatihou une ferme et des champs. La mer baigne partiellement la zone. Ce n’est qu’au 1er siècle, que Tatihou devient une île entourée totalement par l’eau.

Au 9e siècle, les vikings s’installent donc dans le Val de Saire et occupent les lieux (et donnent le nom à l’ile). Ce n’est qu’en 1689 que les fortifications sont construites. Suivi en 1694 par les « Tours Vauban », celle de Tatihou et celle de la Hougue. Elles sont construites par un élève de Vauban, Benjamin de Combes.

A partir de 1721 et jusqu’en 1860, l’île a une autre vocation. Celle d’héberger les équipages des navires mis en quarantaine à cause de la peste notamment, mais aussi plus tard de la fièvre jaune et du choléra. C’est à cette époque qu’est construit le Lazaret.

Ce Lazaret servira par la suite d’Aérium pour les enfants asthmatiques ; de Centre de Rééducation pour jeunes en placement judiciaire ou familial, et de colonie de vacances l’été. On imagine facilement l’histoire chargée et les souffrances qu’il a pu y avoir en ces lieux.

Enfin, Tatihou a été occupé pendant les 2 guerres mondiales. D’ailleurs, l’île était l’une des fortifications du « Mur de l’Atlantique » construit par l’armée allemande en 1942.

Que voir sur l’île Tatihou ?

La tour Vauban, patrimoine mondial de l’UNESCO

Avant la construction de cette Tour Vauban, il existait déjà une tour sur l’île. Elle avait été construite en 1575 et rachetée par Nicolas Fouquet. Mais l’ascension de Nicolas Fouquet – aussi propriétaire du sublime château de Vaux-le-Vicomte (dont vous pouvez découvrir l’histoire dans « Vaux-le-Vicomte, splendeur de Nicolas Fouquet ») s’interrompt brutalement. La tour est détruite en 1662 suite à sa disgrâce.

L’actuelle tour de Tatihou est construite en même temps que celle de La Hougue, durant la Guerre de la Ligue d’Augsbourg de 1692 (guerre qui oppose la France de Louis XIV à la majeure partie de l’Europe). Les travaux débutent en 1694 sur des plans de Vauban. Elle est réalisée par un ingénieur, Benjamin de Combes.

La tour mesure 28 m de hauteur et possède des murs épais de 3m60. Elle fait face à la Tour de la Hougue qui ne se trouve qu’à 3km de distance, de l’autre côté de la rade. Ces 2 constructions permettaient de prendre les vaisseaux ennemis en tirs croisés.

Les Tours Vauban de Tatihou et de la Hougue sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, dans le cadre du Réseau des Sites majeurs de Vauban, avec 11 autres sites français.

Le Lazaret, lieu de quarantaine des équipages lors des grandes épidémies

Le lazaret tiendrait son nom du patron des Lépreux, Saint-Lazare. Celui de l’île Tatihou a été construit après la « peste de Marseille » de 1720 qui décimait le sud de la France. Cela a d’ailleurs été la dernière grande épidémie de peste en France.

Pour protéger le nord de la France de cette épidémie, le Lazaret accueillait les vaisseaux en provenance d’Espagne, de Provence et des contrées du Nord. Ces vaisseaux étaient mis en quarantaine avant de pouvoir décharger et repartir. Il a également servi plus tard au moment des épidémies de fièvre jaune et de choléra.

Le Lazaret accueille aujourd’hui un musée maritime. On y découvre des vestiges des navires français qui ont été brûlés par les anglais dans la rade.

Le Musée Maritime

Le musée est très intéressant car on y découvre des objets qui proviennent des vaisseaux de la flotte royale de Colbert. Ils ont été remontés des épaves échouées au fond de la rade. Ils datent du 17e siècle.

Le musée accueille aussi un chantier de construction navale. Il comprend une 30e de bateaux de pêche et de plaisance (tous visibles) patiemment restaurés par le charpentier de marine de l’île. Très peu sont mis à l’eau à part un superbe bateau à voiles rouges que j’ai eu la chance de voir naviguer dans la rade.

Et enfin, le musée accueille aussi une grande galerie d’histoire naturelle qui présente les milieux naturels de l’île.

Les jardins luxuriants et exotiques

Il y en a 3 au total, étalés sur 4 ha. Et comme le climat y est exceptionnellement doux (l’île est traversée par le gulf stream), on peut y faire pousser toutes sortes de plantes exotiques. Car à Tatihou, il ne gèle pas et les températures tombent rarement en dessous des 5 degrés.

Le premier est le jardin des découvertes qui présente les espèces qu’on trouve sur le littoral normand et atlantique. Ensuite, on découvre un jardin d’acclimatation avec des espèces exotiques (bananiers, palmiers, agaves du Mexique, d’Afrique du sud, des îles canaries, des Echium, etc …). Et enfin, un jardin maritime avec des parterres thématiques. Notamment un qui comprend des plantes utilisées lors des fumigations (lauriers, baies de genièvres, sauge). Elles servaient à fumiger les cales des bateaux à l’époque des quarantaines.

La réserve ornithologique, le paradis des oiseaux

Depuis 1990, 3 ha de l’île Tatihou sont réservés à la protection et à l’observation des oiseaux. Et il y en a partout. C’est vraiment très beau à voir car on compte plus de 150 espèces sur l’île. C’est le Groupe Ornithologique Normand (GONm) qui a la lourde tâche de gérer ce site. Goélands argentés, aigrettes garzettes, grives musiciennes, linottes mélodieuses, fous de bassan, cormorans et guillemots ou huîtriers pies ; vous découvrez une multitude d’oiseaux plus ou moins cachés dans ces lieux.

Cette réserve s’étend jusqu’au Fort de l’Ilet, un peu à l’écart de l’île. C’est pour cela qu’il ne se visite pas.

Cette association mène par ailleurs de nombreuses actions de sensibilisation auprès du public. Ils gèrent par ailleurs 30 sites et des centaines de refuges ornithologiques en Normandie.

Ces lieux devraient aussi vous plaire :
Les 5 plus jolis villages du nord Cotentin et leur patrimoine
Pont-Audemer, une ville qui se sillonne au fil de l’eau
Le château du Blanc Buisson, un secret bien gardé en Pays d’Ouche
Traverser la baie du Mont-Saint-Michel à pied

Festival : Les Traversées Tatihou

Chaque année, “Les Traversées Tatihou” célèbrent les musiques du monde. Petite originalité, ce festival est organisé entre Saint-Vaast-la-Hougue et l’Ile Tatihou, en fonction du rythme des marées.

Mais il y aura des concerts également au coeur du patrimoine local : les églises de Barfleur, Saint-Pierre-Église et Montfarville, le château de Carneville, les jardins du Vicel ou encore la halle aux grains de Quettehou.

La 29ème édition de ce festival se déroulera du 29 août au 3 septembre 2023.
La grande traversée s’ouverture aura lieu le 30 août à 15h20.

ligne

Je veux bien y aller mais c’est où l’île Tatihou ?

Mais comment j’y vais sur l’île Tatihou ?

Aller sur l’île Tatihou, c’est vivre une expérience. Si vous êtes à marée haute, il faut prendre un bateau amphibie, c’est-à-dire qu’il a aussi des roues. Ce drôle de bateau, qui roule pour s’amarrer et qui navigue en pleine mer, vous emmène en seulement 5 minutes sur l’île. Un petit moment de plaisir que les enfants apprécient particulièrement.

Si la marée est basse, il vous suffit de marcher à travers les parcs à huitre pour rejoindre Tatihou. La marche dure environ 25 minutes. Mais attention aux horaires de marée pour ne pas être surpris. Et prévoyez de bonnes chaussures qui ne craignent pas l’eau.

Et si jeux veux passer un week-end sympa sur place ?

Bonne nouvelle ! Vous pouvez résider sur place, dans le lazaret transformé en hôtel / restaurant. C’est une expérience hors du commun car vous avez vu que le Lazaret a notamment une histoire chargée. Les « maisons de Tatihou » offrent des hébergements jolis, confortables et rénovés. Cela permet de bien découvrir l’ile en prenant son temps. Il y a aussi de jolies plages sur l’Ile où l’on peut se baigner.

De temps en temps, les maisons de Tatihou proposent des week-end à thème « De la pêche à l’assiette » avec hébergement et restauration sur l’ile.

ligne

Informations complémentaires

Vous êtes décidés à aller visiter l’île Tatihou ? Rendez-vous sur le site internet de Manche Tourisme, ou sur celui de Cotentin Tourisme. Cliquez ici pour réserver votre billet et prendre le drôle de bateau amphibie. Pour regarder la météo de votre séjour sur l’Ile Tatihou, c’est ici.

Les coulisses de ma visite

Lors de ma visite, j’ai eu la chance d’être accueillie par Eric Jacob, Directeur de l’Ile Tatihou. Il m’a raconté le passé des lieux et le travail qui est mené aujourd’hui sur l’Ile pour la préserver. Le complément d’information m’a été donné par Manuella Bernard, en charge de la promotion de l’Ile. Je les remercie tous les deux pour le temps passé avec moi et les précieuses informations qui m’ont permis de rédiger cet article.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *